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Text rozhodnutí
Datum rozhodnutí
27.1.2015
Rozhodovací formace
Významnost
3
Číslo stížnosti / sp. zn.

Rozhodnutí

DEUXIÈME SECTION

DÉCISION

Requêtes nos 20971/07 et 51777/07
Abdulhalim ÖZGÜLTEKİN et autres contre la Turquie
et Güssün GÜLER et autres contre la Turquie
(voir liste en annexe)

La Cour européenne des droits de l’homme (deuxième section), siégeant le 27 janvier 2015 en une Chambre composée de :

András Sajó, président,
Işıl Karakaş,
Helen Keller,
Paul Lemmens,
Egidijus Kūris,
Robert Spano,
Jon Fridrik Kjølbro, juges,
et de Stanley Naismith, greffier de section,

Vu les requêtes susmentionnées introduite le 11 mai 2007 et le 10 novembre 2007,

Après en avoir délibéré, rend la décision suivante :

EN FAIT

1. La requête no 20971/07 a été introduite par 776 requérants ; la requête no 51777/07 a été introduite par 332 requérants. La liste des parties requérantes figure en annexe.

A. Les circonstances de l’espèce

2. Les faits de la cause, tels qu’ils ont été exposés par les requérants, peuvent se résumer comme suit.

1. Genèse de l’affaire

3. En 1970, la mairie de Balçova, située dans la banlieue de la ville d’İzmir, engagea un projet d’urbanisme : face à la multiplication des constructions illégales dans les zones urbaines, elle décida de transformer une partie du pâturage (mera) en une zone de prévention des bidonvilles. Elle s’engagea à vendre les terrains municipaux qu’elle envisageait de créer sur cette zone. Les personnes adhérant à ce projet devaient acquitter un certain montant. Plus de 4 000 personnes, dont les requérants, versèrent ainsi le montant fixé par la municipalité en vue d’acquérir un terrain.

4. Le Trésor approuva le projet. Le terrain initial fit l’objet de plusieurs remembrements successifs, entraînant la création de nouvelles parcelles. Les terrains en question furent inscrits au registre foncier au nom de la mairie de Balçova. Après les travaux de parcellisation, la municipalité procéda à l’attribution des premiers terrains en 1980, selon l’ordre d’inscription à ce projet. Près de 1 200 titres de propriété furent ainsi délivrés.

5. À la suite du coup d’état militaire intervenu en septembre 1980, la mairie de Balçova fut fermée et en 1982 la propriété des terrains concernés par le projet fut transférée à la mairie d’İzmir.

6. En 1984 fut créée la mairie métropolitaine d’İzmir (« la mairie métropolitaine »), qui succédait à la mairie d’İzmir.

7. Interrogée par des citoyens, la mairie métropolitaine indiqua que les plans d’urbanisme devaient faire l’objet d’une révision en raison d’un projet de construction d’autoroute et que les formalités nécessaires seraient effectuées après que les travaux de planification aient été menés à terme.

8. Le 13 septembre 1990, la propriété des terrains litigieux fut transférée à la mairie métropolitaine par décision du conseil administratif de la préfecture d’İzmir.

9. Le 1er novembre 1992, la mairie de Balçova fut rouverte. Après cette date, la mairie métropolitaine restitua progressivement à la mairie de Balçova des terrains qui n’étaient pas concernés par la construction de l’autoroute.

10. Le 18 juin 1993, la mairie de Balçova décida de procéder à l’attribution des terrains qui lui avaient été rétrocédés par la mairie métropolitaine, sous condition de paiement d’un supplément.

11. Au cours de l’année 1994, la mairie de Balçova procéda à la distribution des terrains rétrocédés, toujours selon l’ordre d’inscription au projet.

12. Les personnes ayant déjà obtenu leur titre de propriété et dont les terrains se trouvaient sur le tracé de l’autoroute furent indemnisées.

13. Les personnes n’ayant pas encore obtenu de terrain continuèrent de s’adresser régulièrement à la mairie de Balçova et à la mairie métropolitaine. La mairie métropolitaine leur indiquait alors que les travaux liés à ce projet avaient été transférés à la mairie de Balçova et invitait les intéressés à s’adresser à cette dernière. Quant à la mairie de Balçova, elle indiquait de son côté que les travaux relatifs à ce projet reprendraient une fois que le tracé définitif de l’autoroute serait connu. En 1997, la mairie de Balçova évoqua également un projet de logements collectifs.

14. Le 12 juin 1997, la mairie de Balçova décida d’abandonner le projet de logements collectifs. Elle releva qu’au vu des résultats des études géologiques après le tracé définitif de l’autoroute, la forte inclinaison du sol rendait trop coûteuse la réalisation de logements collectifs. Elle décida d’attribuer les terrains en question aux souscripteurs, sous condition de paiement d’un supplément. Le 17 juillet 1997, elle décida de faire procéder aux travaux de remembrement et de parcellisation nécessaires pour procéder à l’attribution des terrains.

15. Ainsi, en 1997, environ 550 titres de propriété supplémentaires furent délivrés par la mairie de Balçova.

16. Par la suite, dans des lettres adressées aux citoyens entre 1998 et 2000, la mairie de Balçova expliqua qu’en cas de transfert de propriété de la part de la mairie métropolitaine, elle poursuivrait la distribution des terrains.

17. Le 4 mai 2000, les personnes dans l’attente de l’attribution d’un terrain constituèrent l’association d’entraide des victimes des terrains de Balçova (« BAMİD »).

18. Le 17 juin 2002, la mairie métropolitaine adopta un plan d’urbanisme général (un plan à grande échelle) prévoyant la construction, sur une partie des terrains litigieux, d’un village destiné à accueillir les jeux universitaires d’été (ou « Universiades ») de 2005.

Le 26 juin 2002, la mairie de Balçova adopta le plan d’urbanisme de détail (un plan à petite échelle), déclinaison du plan d’urbanisme général.

19. Le 31 juillet 2003, la mairie métropolitaine modifia le plan d’urbanisme général du 17 juin 2002.

Le 20 août 2003, la mairie de Balçova fit de même avec le plan d’urbanisme de détail du 26 juin 2002.

20. À partir de 2003, la mairie de Balçova répondit aux personnes l’interrogeant sur le projet qu’elle avait distribué les terrains qui lui avaient été rétrocédés par la mairie métropolitaine et qu’elle n’avait pas pu obtenir la rétrocession des autres terrains malgré des démarches réitérées en ce sens.

2. Procédures judiciaires

a) Les recours en annulation de la décision du 13 septembre 1990 ainsi que des plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002

21. En 2003, les requérants Kahraman Çeliker, Akile Kat, Bekir Gürses, Hüseyin Fırat, Ali Kıdak, Turhan Uğurlu, Mehmet Ali Özuyanık, İsmet Hergünaç, Nurten Kılıç, Semra Şenkaya, Resmiye Altıncı et Havva Gülüm introduisirent un recours devant le tribunal administratif d’İzmir en vue d’obtenir l’annulation de la décision du 13 septembre 1990 (paragraphe 8 ci-dessus) ainsi que des plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002, relatifs à la construction du village destiné aux Universiades (paragraphe 18 ci-dessus).

22. Le 24 octobre 2003, la 2e chambre du tribunal administratif d’İzmir rejeta le recours en annulation introduit par les requérants.

S’agissant du recours en annulation de la décision du 13 septembre 1990, le tribunal le déclara irrecevable pour cause de tardiveté. Pour ce faire, il rappela tout d’abord que le délai d’action en matière de contentieux administratif était de soixante jours à partir de la notification de la décision ou de l’acte contesté et qu’en l’absence de notification de l’acte ou de la décision, le délai commençait à courir à partir de la date à laquelle le demandeur en avait acquis connaissance. Or, le tribunal releva que le projet d’urbanisme avait été initié en 1970 et que, par la suite, de nombreux souscripteurs s’étaient adressés à la mairie de Balçova et à la mairie métropolitaine pour la délivrance de titres de propriété, avaient porté différents aspects de cette question devant la justice, et avaient créé l’association BAMİD. Aussi le tribunal considéra-t-il que, dans ce processus qui durait depuis plus de 30 ans, l’opinion publique et les demandeurs étaient de longue date au courant de la cession qui avait eu lieu le 13 septembre 1990.

Pour ce qui était du recours en annulation des plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002, le tribunal releva que ces plans avaient été modifiés et conclut que, sur ce point, le recours était devenu sans objet.

Enfin, le tribunal écarta la tierce intervention d’un groupe de personnes, dont certains requérants devant la Cour, en relevant que l’une des conditions requises – à savoir, que l’issue de la procédure soit déterminante pour les droits et obligations des intéressés – n’était pas remplie.

23. Le 24 février 2006, le Conseil d’État confirma ce jugement.

24. Le 20 février 2007, il rejeta le recours en rectification d’arrêt.

b) Le recours en annulation de la décision du 13 septembre 1990, des plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002 ainsi que des plans d’urbanisme révisés des 31 juillet et 20 août 2003

25. Les mêmes requérants saisirent le tribunal administratif d’İzmir d’un recours en annulation des plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002 et des modifications apportées auxdits plans les 31 juillet et 20 août 2003 (paragraphe 19 ci-dessus). Ils demandèrent également, de nouveau, l’annulation de la décision du 13 septembre 1990.

26. Les requérants ayant doublé leur recours en annulation d’un recours en référé-suspension, la 1re chambre du tribunal administratif rejeta, le 16 janvier 2004, la demande de suspension des plans d’urbanisme attaqués. Le 11 mars 2004, le tribunal administratif régional d’İzmir rejeta l’opposition formée par les requérants contre cette dernière décision.

27. Le 20 juillet 2005, la 1re chambre du tribunal administratif rendit son jugement sur le recours en annulation.

Dans la mesure où le recours concernait les plans d’urbanisme adoptés les 17 et 26 juin 2002 et la décision du 13 septembre 1990, elle releva que la 2e chambre avait rendu un jugement (paragraphe 22 ci-dessus) mais que le pourvoi formé contre ce jugement était toujours pendant devant le Conseil d’État, et estima qu’en raison de la litispendance, il lui était dès lors impossible de se prononcer sur le bien-fondé de ces demandes.

Dans la mesure où le recours concernait les plans d’urbanisme révisés des 31 juillet et 20 août 2003, elle estima que la planification du village destiné à accueillir les Universiades et devant être affecté par la suite à des logements collectifs était conforme aux règles urbanistiques. Elle estima cependant que le choix de l’emplacement de la gare routière n’était pas conforme aux règles urbanistiques et annula les plans attaqués, sur ce point uniquement. Elle rejeta le recours pour le surplus.

28. Le 28 juin 2006, le Conseil d’État confirma le jugement du 20 juillet 2005.

29. Le 13 février 2007, le Conseil d’État rejeta la demande en rectification d’arrêt.

c) Les actions en annulation de titre de propriété introduites par la municipalité de Balçova

30. Entretemps, en 2001, la municipalité de Balçova avait introduit des actions judiciaires en vue d’obtenir l’annulation de plusieurs titres de propriété délivrés entre 1993 et 1998. Elle estimait que les personnes concernées avaient acquis leur titre de propriété au moyen de manœuvres frauduleuses, faute pour elles d’avoir été en mesure de produire une quelconque quittance relative au paiement initial supposé.

31. Par des jugements rendus entre septembre 2001 et mars 2002, le tribunal de grande instance d’İzmir rejeta ces actions au motif que l’on ne pouvait pas reprocher aux intéressés de n’avoir pas produit une quittance relative au paiement initial et que les ventes attaquées étaient donc valides.

32. Ces jugements furent confirmés en cassation.

d) Les actions introduites par certains requérants en vue d’obtenir l’inscription d’un terrain à leur nom au registre foncier

i. La première procédure

33. Le 23 août 2002, les requérants Kahraman Çeliker, Akile Kat, Bekir Gürses, Hüseyin Fırat, Ali Kıdak, Turhan Uğurlu, Mehmet Ali Özuyanık, İsmet Hergünaç, Nurten Kılıç, Semra Şenkaya, Resmiye Altıncı et Havva Gülüm assignèrent la mairie de Balçova et la mairie métropolitaine devant le tribunal de grande instance d’İzmir en vue d’obtenir l’annulation du titre de propriété de la mairie métropolitaine sur les terrains litigieux (parcelle no 94, devenue parcelles nos 97, 98 et 99) et leur inscription au nom de la mairie de Balçova.

34. Le 19 décembre 2002, la 12e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir releva que les requérants n’avaient pas d’intérêt juridique pour demander l’inscription des parcelles en question au nom de la mairie de Balçova. Elle estima par ailleurs que les prétendues ventes entre les requérants et la mairie de Balçova étaient en tout état de cause atteintes par la prescription.

35. Le 13 mai 2003, la Cour de cassation, sur la base d’autres motifs, confirma le jugement du 19 décembre 2002.

Elle releva que la mairie de Balçova avait vendu les terrains en question – pâturages à l’origine – à des personnes privées, avant d’avoir accompli les démarches destinées à modifier leur nature, en méconnaissance des conditions légales. Elle releva en outre que des actions introduites par des personnes n’ayant pas obtenu l’attribution d’un terrain avaient déjà été définitivement rejetées par les juridictions administratives et civiles par le passé. À l’instar de ces juridictions, la Cour de cassation considéra qu’il n’y avait pas de vente valable, accomplie conformément aux conditions prévues par la loi. Elle en conclut que les intéressés ne pouvaient pas se fonder sur ces ventes pour demander le transfert de propriété.

36. Le 9 octobre 2003, la Cour de cassation rejeta la demande de rectification d’arrêt. Concernant une décision de justice produite par les requérants à l’appui de leur demande de rectification (jugement de la 12e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir), elle releva que le jugement en question concernait un terrain classé initialement comme « pépinière » et qui avait été régulièrement vendu au demandeur par la mairie de Güzelbahçe en 1973, lequel l’avait en sa possession depuis cette date. Dans le cas des requérants, le terrain litigieux était initialement inscrit au registre comme « pâturage ». La mairie de Balçova avait fait inscrire ce bien à son nom au registre foncier en croyant qu’avec son incorporation dans un plan d’urbanisme, ce terrain avait perdu sa qualification de pâturage en vertu de l’article 11 in fine de la loi no 3194 du 3 mai 1985 sur l’urbanisme et qu’il était devenu sa propriété privée. Or, la loi no 4342 sur les pâturages entrée en vigueur par la suite, le 28 février 1998, avait modifié l’article 11 in fine de la loi sur l’urbanisme de telle sorte que les pâturages ne pouvaient plus être objet de propriété privée.

37. La demande de réouverture de la procédure introduite par les mêmes requérants fut rejetée par la 12e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir le 20 octobre 2004.

ii. Deuxième série de procédures

38. Le 28 juillet 2005, les requérants Akile Kat, Turhan Uğurlu, İsmet Hergünaç, Bekir Gürses et Nedide Uğurlu assignèrent, par des citations séparées, la mairie métropolitaine devant le tribunal de grande instance d’İzmir en vue d’obtenir l’inscription d’un terrain à leur nom. Ils expliquèrent avoir payé pour l’achat d’un terrain à la mairie de Balçova en 1974 et être toujours dans l’attente, plus de trente ans après, de se voir attribuer un terrain. Ces demandes ont donné lieu à différents jugements.

1) Les jugements concernant les requérants Akile Kat, Turhan Uğurlu et İsmet Hergünaç, rendus le 9 mars 2005 par la 2e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir

39. Les requérants Akile Kat, Turhan Uğurlu et İsmet Hergünaç virent leurs actions respectives attribuées à la 2e chambre du tribunal, qui rendit ses jugements le 9 mars 2005. Elle considéra que les intéressés ne pouvaient pas valablement s’appuyer sur la quittance de paiement pour demander le transfert de propriété d’un terrain à leur nom au registre foncier. Elle précisa que les demandes des intéressés avaient déjà été rejetées par l’arrêt de la Cour de cassation du 13 mai 2003 (paragraphe 35 ci-dessus), au motif qu’il n’y avait pas de vente conforme aux conditions prévues par la loi. Enfin, quant à l’allégation des intéressés selon laquelle il y avait lieu de revoir leur demande à la lumière des modifications apportées à la loi no 4342 sur les pâturages par la loi du 20 avril 2005, la 2e chambre indiqua que la modification en question n’était pas pertinente pour le cas des requérants et ajouta que la Cour de cassation avait conclu dans son arrêt du 9 octobre 2003 que les pâturages ne pouvaient pas être objet de propriété privée (paragraphe 36 ci-dessus).

40. Le 19 juillet 2006, la Cour de cassation confirma ces jugements. Le 4 décembre 2006, elle rejeta les demandes de rectification des arrêts ainsi rendus.

2) Le jugement concernant la requérante Nadide Uğurlu, rendu le 13 décembre 2005 par la 5e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir

41. Le 13 décembre 2005 fut rejetée la demande de la requérante Nadide Uğurlu, qui avait été attribuée à la 5e chambre du tribunal. Celle-ci releva que l’article 3 des dispositions transitoires de la loi no 4342 sur les pâturages, tel que modifié par la loi du 20 avril 2005, ne trouvait pas application dans le cas de la requérante. Elle ajouta qu’il n’y avait pas eu de vente en bonne et due forme, répondant aux exigences légales.

42. Le 25 mai 2006, la Cour de cassation confirma ce jugement. Le 9 novembre 2006, elle rejeta la demande de rectification de son arrêt.

3) Le jugement concernant le requérant Bekir Gürses, rendu le 22 décembre 2005 par la 9e chambre du tribunal de grande instance d’İzmir

43. Le 22 décembre 2005, la 9e chambre du tribunal de grande instance déclara irrecevable la demande du requérant Bekir Gürses sur la base de l’autorité de la chose jugée, sans se prononcer sur le bien-fondé, au motif que celle-ci était identique à la demande précédemment introduite par lui et définitivement rejetée (paragraphes 33-37 ci-dessus). Elle releva que tous les arguments juridiques avancés par le requérant avaient déjà été examinés à l’occasion de la précédente procédure.

44. Quant à l’argument du requérant tiré de la modification apportée par la loi du 20 avril 2005 à l’article 3 des dispositions transitoires de la loi no 4342 sur les pâturages, modification dont il résultait que les pâturages pouvaient dorénavant, sous certaines conditions, être objet de propriété privée, la 9e chambre estima que cette modification ne rendait pas caduc l’arrêt de la Cour de cassation du 9 octobre 2003 (paragraphe 36 ci-dessus) ni ne faisait naître une situation favorable au requérant.

45. Le 14 juin 2006, la Cour de cassation confirma le jugement du 22 décembre 2005. Le 28 novembre 2006, elle rejeta la demande de rectification d’arrêt.

3. Explications données par les requérants

46. Les requérants expliquent que les actions décrites ci-dessus doivent être considérées comme des affaires « pilotes » introduites par un groupe de requérants et qu’elles sont valables pour tous les autres requérants.

47. Les requérants indiquent qu’ils n’ont pas introduit d’action en responsabilité contre la mairie de Balçova. Selon eux, une telle action aboutirait à l’octroi d’une compensation dérisoire, ne permettant pas de considérer un tel recours comme effectif. Ils indiquent que selon la jurisprudence turque, la seule compensation possible est le remboursement de la somme initialement versée, non assortie d’intérêts. Ils ajoutent que les règles de forme relatives à la vente d’immeuble n’ayant pas été respectées, seul le montant payé peut être demandé.

B. Le droit et la pratique internes pertinents

1) La loi no 3194 du 3 mai 1985 sur l’urbanisme

48. L’article 11 § 4 de la loi no 3194 du 3 mai 1985 sur l’urbanisme indiquait que les pâturages intégrés dans un plan d’urbanisme perdaient leur statut de pâturage après approbation de ce plan.

49. S’appuyant sur la disposition légale précitée, les mairies faisaient inscrire à leur nom au registre foncier les pâturages intégrés dans un plan d’urbanisme. Toutefois, il existait une divergence de vue entre les mairies et le Trésor sur la question de savoir si l’article 11 § 4 de la loi no 3194 permettait le transfert de propriété des pâturages à la mairie du seul fait de leur intégration dans un plan d’urbanisme. Les terrains ainsi inscrits au registre foncier au nom de mairies faisaient l’objet d’actions en annulation introduites par le Trésor.

50. Saisi pour donner un avis sur la question, le Conseil d’État a, le 10 février 1989, indiqué qu’il y avait lieu de distinguer les pâturages affectés à un usage d’intérêt général de ceux affectés à un usage destiné à la propriété privée. Il estima que les premiers devaient être inscrits, sans aucune contrepartie, au registre foncier au nom des mairies alors que les seconds ne devraient pas être enregistrés au registre foncier au nom des mairies.

2) La loi no 4342 du 25 février 1998 sur les pâturages

51. La loi no 4342 du 25 février 1998 sur les pâturages, entrée en vigueur le 28 février 1998, a modifié le paragraphe 4 de l’article 11 de la loi no 3194 sur l’urbanisme en y supprimant la mention des pâturages. Dorénavant, les pâturages ne perdaient donc pas leur statut de pâturage par leur seule intégration dans un plan d’urbanisme. La loi no 4342 a par ailleurs instauré une procédure à suivre pour l’intégration des pâturages dans les plans d’urbanisme. Selon l’article 14 d) de la loi no 4342, pour pouvoir procéder à un changement d’affectation d’un pâturage, il faut une demande de la mairie, un avis favorable de la commission des pâturages et l’approbation par la préfecture. Ensuite, le pâturage doit être enregistré au registre foncier au nom du Trésor. Ainsi, les pâturages ne peuvent plus être intégrés d’office dans le plan d’urbanisme par les mairies mais seulement après leur enregistrement au registre foncier au nom du Trésor.

3) L’article 3 transitoire de la loi no 4342 sur les pâturages, inséré par la loi no 5178 du 27 mai 2004 et modifié par la loi no 5334 du 20 avril 2005

52. Des pâturages ayant été inscrits au registre foncier au nom des mairies à la suite d’une interprétation et application erronées de l’article 11 § 4 de la loi no 3194 sur l’urbanisme, et les mairies ayant continué à intégrer les pâturages dans les plans d’urbanisme avant de procéder au préalable à leur changement d’affectation comme l’exigeait l’article 14 d) de la loi no 4342 sur les pâturages, la situation juridique de ces terrains était devenue très complexe. La propriété de ces pâturages avait parfois été transférée à des personnes privées ou bien les terrains en question avaient fait l’objet de nouveaux plans d’urbanisme et changé de plusieurs propriétaires successifs. À la suite d’actions en annulation introduites par le Trésor, le droit de propriété de ces personnes était remis en question ; les jugements d’annulation demeuraient cependant souvent inexécutables en raison de l’impossibilité technique de transformer ces terrains en pâturages.

53. Pour régulariser la situation juridique de ces terrains, le législateur a inséré l’article 3 transitoire dans la loi no 4342 sur les pâturages (modification apportée par la loi no 5178 du 27 mai 2004). Cet article fut ensuite modifié par la loi no 5334 du 20 avril 2005. Selon l’article 3 transitoire, les pâturages qui figurent comme lieu d’implantation (yerleşim yeri) sur un plan d’urbanisme devenu définitif avant le 1er mars 2003, et qui sont occupés à cette dernière date et dont l’utilisation comme pâturage est dorénavant techniquement impossible, voient leur affectation modifiée et sont enregistrés au registre foncier au nom du Trésor. Toutefois, lorsqu’un terrain de cette nature est déjà inscrit au registre foncier au nom de la mairie, cette inscription demeure valable. Il est alors mis fin à toute procédure judiciaire ou procédure d’exécution forcée relative à un terrain de cette nature. Par contre, lorsque ce type de bien, au lieu d’être inscrit au nom du Trésor, a été inscrit au registre foncier au nom de personnes privées, le Trésor renonce à revendiquer ces biens contre paiement d’un montant correspondant à la valeur du bien en question.

GRIEFS

54. Invoquant l’article 6 de la Convention, les requérants se plaignent de l’application rétroactive par les juridictions civiles de la modification de la loi no 3194 sur l’urbanisme par la loi no 4342 du 25 février 1998 sur les pâturages, interdisant la propriété privée sur les pâturages. Ils affirment que la vente était conforme à la législation en vigueur à l’époque des faits et que les juridictions n’ont pu conclure à son invalidité que par cette application rétroactive de la modification législative en question.

55. Les requérants voient également une violation de l’article 6 dans le rejet de leur recours en annulation pour cause de tardiveté. Ils expliquent qu’ils se trouvaient dans l’impossibilité d’avoir connaissance de la décision du 13 septembre 1990 et affirment avoir été informés de ce transfert par la presse. Ils ajoutent que la mairie de Balçova leur avait indiqué dans diverses lettres à leur intention qu’elle distribuerait ces terrains en cas de rétrocession. Selon eux, ces terrains auraient dû leur être attribués, et le transfert de propriété des terrains à la mairie métropolitaine n’avait pas de base légale.

56. Les requérants dénoncent le refus de faire droit à leur demande d’attribution d’un titre de propriété comme une violation de l’article 6 de la Convention et de l’article 1 du Protocole no 1. Ils font remarquer que la vente qu’ils avaient conclue a été déclarée invalide alors que près de 3 000 personnes se sont vu délivrer un titre de propriété dans le cadre du même projet. Ils voient là également une discrimination contraire à l’article 14 de la Convention.

57. Enfin, les requérants soutiennent que le rejet de la demande de tierce intervention de certains d’entre eux a enfreint l’article 6 de la Convention.

EN DROIT

1. Sur la jonction des requêtes

58. La Cour décide, en application de l’article 42 § 1 de son règlement, de joindre les requêtes, eu égard à leur similitude quant aux faits et aux questions juridiques qu’elles posent.

2. Sur la situation de certains requérants en particulier

59. La Cour note à titre préliminaire que parmi les requérants figurent l’association BAMİD et M. Saim Katırcıoğlu, qui était le maire de Balçova lors du coup d’état militaire de 1980.

60. La Cour rappelle qu’en vertu de l’article 34 de la Convention elle ne peut recevoir de requête individuelle que de la part d’une personne « qui se prétend victime d’une violation par l’une des Hautes Parties contractantes des droits reconnus dans la Convention ou ses Protocoles ». Pour pouvoir se prétendre victime d’une violation, un requérant doit avoir été directement affecté par la mesure litigieuse (voir, parmi d’autres, Tomaszewscy c. Pologne, no 8933/05, § 74, 15 avril 2014).

61. Or les deux requérants mentionnés ci-dessus ne démontrent pas avoir été, d’une manière ou d’une autre, personnellement et directement affectés par les décisions objet de la présente requête. Il s’ensuit que la requête est dans leur chef incompatible ratione personae avec les dispositions de la Convention au sens de l’article 35 § 3 a) et qu’elle doit donc être rejetée en application de l’article 35 § 4 en ce qui les concerne.

62. La Cour note ensuite que seuls douze requérants ont porté leurs griefs devant les juridictions internes. Les autres requérants – à savoir 1098 requérants – n’ont introduit aucune action judiciaire. Toutefois, les motifs d’irrecevabilité exposés ci-après valant également pour ces autres requérants, il n’est pas nécessaire de se demander en général s’ils ont épuisé les voies de recours internes.

3. Sur le grief concernant l’application rétroactive de la modification législative intervenue en 1998

63. Les requérants se plaignent de l’application rétroactive par les juridictions civiles de la modification législative intervenue en 1998, par la loi no 4342 sur les pâturages, interdisant la propriété privée sur les pâturages. Ils y voient une violation de l’article 6 de la Convention, ainsi libellé en sa partie pertinente :

« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement (...) par un tribunal (...), qui décidera (...) des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil (...) ».

64. La Cour relève d’abord que les requérants n’étayent guère leur grief. Ils n’apportent ainsi aucune explication quant à la modification législative en question, pas plus qu’ils ne précisent la juridiction interne qui en aurait fait une application rétroactive. Il ressort toutefois des pièces du dossier que la modification législative évoquée par les requérants concerne l’article 11 in fine du code de l’urbanisme, qui a été modifié par la loi no 4342 du 25 février 1998 sur les pâturages avec effet à compter du 28 février 1998.

65. La Cour note que les éléments du dossier ne permettent pas d’établir que l’impossibilité pour les requérants d’obtenir l’inscription d’un terrain à leur nom sur le registre foncier résulte d’une application rétroactive d’une modification législative. En effet, ainsi qu’il ressort des jugements rendus par le tribunal de grande instance d’İzmir (paragraphes 39, 41 et 43-44 cidessus), se référant aux décisions judiciaires prises dans le cadre de la première procédure qui s’est terminée en 2003 (paragraphes 35-36 ci-dessus), l’impossibilité pour les intéressés d’obtenir l’inscription d’un terrain à leur nom sur le registre foncier résulte principalement de l’absence d’une vente régulière, respectueuse des conditions de forme en matière de cession de biens immeubles.

66. Quant à l’arrêt de la Cour de cassation du 9 octobre 2003, qui évoque expressément la modification de l’article 11 in fine du code de l’urbanisme (paragraphe 36 ci-dessus), la Cour note que l’arrêt en question a été rendu plus de six mois avant l’introduction des présentes requêtes.

En tout état de cause, on ne saurait considérer, à la lecture de cet arrêt, que la Cour de cassation a fait une application rétroactive de la modification apportée à cette disposition. Appelée à se prononcer sur une décision de justice produite par les requérants à l’appui de leur demande de rectification d’arrêt, elle a souligné la différence entre les deux affaires. Ce faisant, elle a relevé la limitation liée à la nature des terrains litigieux – à savoir pâturages – et constaté que leur inscription au nom de la mairie de Balçova n’était pas régulière : la mairie avait fait inscrire ces terrains à son nom au registre foncier à la suite d’une interprétation et application erronées de l’article 11 § 4 in fine de la loi no 3194 du 3 mai 1985 sur l’urbanisme. Si la Cour de cassation s’est référée à cet égard à la loi no 4342 sur les pâturages en indiquant que depuis l’entrée en vigueur de cette loi le 28 février 1998, les pâturages ne pouvaient de toute façon plus être objet de propriété privée, elle le fit à titre surabondant. Il ne s’agit nullement d’un argument décisif ayant fondé la décision de la Cour de cassation. Aussi, les allégations du requérant quant à l’application rétroactive de la modification législative intervenue en 1998 n’apparaissent pas fondées.

67. Il s’ensuit que le présent grief est manifestement mal fondé et doit être rejeté en application de l’article 35 §§ 3 a) et 4 de la Convention.

4. Sur le grief relatif au rejet du recours en annulation pour cause de tardivité

68. Les requérants voient également une violation de l’article 6 de la Convention dans le fait que leur recours en annulation de la décision du conseil administratif de la préfecture d’İzmir du 13 septembre 1990 a été rejeté pour cause de tardiveté (paragraphe 22 ci-dessus).

69. La Cour observe que la décision attaquée par les requérants devant les juridictions administratives concernait le transfert des terrains à la mairie métropolitaine. En introduisant ce recours, les requérants espéraient obtenir la rétrocession des terrains à la municipalité de Balçova, dans l’espoir que cette dernière leur en attribue un.

70. La Cour rappelle que pour que l’article 6 § 1 trouve à s’appliquer dans son volet « civil », il faut qu’il y ait « contestation » sur un « droit » que l’on peut prétendre, au moins de manière défendable, reconnu en droit interne, que ce droit soit ou non protégé par la Convention. Il doit s’agir d’une contestation réelle et sérieuse, qui peut concerner aussi bien l’existence même d’un droit que son étendue ou ses modalités d’exercice. Enfin, l’issue de la procédure doit être directement déterminante pour le droit en question, un lien ténu ou des répercussions lointaines ne suffisant pas à faire entrer en jeu l’article 6 § 1 (voir, entre autres, Boulois c. Luxembourg [GC], no 37575/04, § 90, CEDH 2012).

71. À supposer que cette disposition trouve à s’appliquer ici, la Cour estime que le grief est en tout état de cause irrecevable pour les motifs développés ci-après.

72. La Cour rappelle que c’est au premier chef aux autorités nationales, et notamment aux cours et tribunaux, qu’il incombe d’interpréter la législation interne (voir, parmi beaucoup d’autres, Brualla Gómez de la Torre c. Espagne, 19 décembre 1997, § 31, Recueil des arrêts et décisions 1997-VIII). Le rôle de la Cour se limite à vérifier la compatibilité avec la Convention des effets de pareille interprétation. Ceci est particulièrement vrai s’agissant de l’interprétation par les tribunaux des règles de nature procédurale telles que les délais régissant l’introduction de recours (voir, mutatis mutandis, Tejedor García c. Espagne, 16 décembre 1997, § 31, Recueil 1997-VIII). La Cour rappelle, par ailleurs, que la réglementation relative aux formalités et aux délais à respecter pour former un recours vise à assurer une bonne administration de la justice et le respect, en particulier, du principe de la sécurité juridique. Les intéressés doivent s’attendre à ce que ces règles soient appliquées (Andrejeva c. Lettonie [GC], no 55707/00, § 99, CEDH 2009).

73. La Cour note que le recours en annulation a été rejeté par le tribunal administratif d’İzmir pour cause de tardivité. Dans son jugement du 24 octobre 2003, le tribunal administratif a rappelé qu’en l’absence de notification, le délai pour introduire un recours commençait à courir à partir de la date à laquelle le requérant avait pris connaissance de la décision contestée ; or, en observant que le projet avait été initié en 1970, que par la suite de nombreuses personnes ayant acheté un terrain s’étaient adressées à la mairie de Balçova et d’İzmir pour la délivrance de titres de propriété, ou encore que les intéressés avaient porté différents aspects de la question devant la justice et créé l’association BAMİD, le tribunal administratif a considéré que dans ce processus qui durait depuis plus de trente ans, les requérants étaient de longue date au courant du transfert attaqué, qui avait eu lieu le 13 septembre 1990 (paragraphe 22 ci-dessus).

74. La Cour ne saurait censurer cette interprétation, qui n’apparaît aucunement arbitraire ou manifestement déraisonnable. Aux yeux de la Cour, les requérants ne sauraient soutenir que l’interprétation faite par les juridictions administratives des règles procédurales a porté atteinte à leur droit d’accès à un tribunal.

75. Il s’ensuit que le présent grief est manifestement mal fondé et doit être rejeté en application de l’article 35 §§ 3 a) et 4 de la Convention.

5. Sur le grief relatif au rejet des demandes de délivrance d’un titre de propriété

76. Les requérants se plaignent du refus des juridictions de leur délivrer des titres de propriété (paragraphes 38-45 ci-dessus). Ils y voient une violation de l’article 6 de la Convention et de l’article 1 du Protocole no 1.

77. La Cour, maitresse de la qualification juridique des faits de la cause, estime devoir examiner ce grief sous l’angle du seul article 1 du Protocole no 1, ainsi libellé en sa partie pertinente :

« Toute personne physique ou morale a droit au respect de ses biens. (...) »

78. La Cour est appelée à déterminer si la situation juridique dans laquelle se sont trouvés les requérants était de nature à relever du champ d’application de l’article 1 du Protocole no 1. Pour soutenir qu’ils auraient dû se voir délivrer un titre de propriété, les requérants mettent en avant la validité, à leurs yeux, des ventes réalisées par la mairie de Balçova et font observer que plus de 3 000 personnes se sont vu délivrer un titre de propriété sur la base de ces ventes.

79. La Cour rappelle qu’un requérant ne peut alléguer une violation de l’article 1 du Protocole no 1 que dans la mesure où les décisions qu’il incrimine se rapportent à ses « biens » au sens de cette disposition. Cette notion peut recouvrir tant des « biens actuels » que des valeurs patrimoniales, y compris des créances, en vertu desquelles le requérant peut prétendre avoir au moins une « espérance légitime » d’obtenir la jouissance effective d’un droit de propriété. Par contre, une créance conditionnelle s’éteignant du fait de la non-réalisation de la condition ne peut être considérée comme un « bien » au sens de l’article 1 du Protocole no 1 (voir, parmi d’autres, Malhous c. République tchèque (déc.) [GC], no 33071/96, CEDH 2000XII, et Fabris c. France [GC], no 16574/08, § 50, CEDH 2013 (extraits)).

80. En l’espèce, force est de constater que l’objet des procédures engagées par les requérants en droit interne ne se rapportait pas à un « bien actuel ». Reste à examiner si l’obtention d’un titre de propriété sur le fondement de la vente opérée par la mairie de Balçova pouvait constituer pour les intéressés une « espérance légitime ».

81. La Cour observe que les prétentions des intéressés en ce sens avaient déjà été écartées de manière définitive par un arrêt de la Cour de cassation du 9 octobre 2003. Cet arrêt, rendu plus de trois ans et demi avant l’introduction des présentes requêtes, ne fait pas l’objet, en tant que tel, d’un grief devant la Cour. Il ressort en outre du dossier qu’avant même cette décision définitive rendue à l’issue de la première procédure, les actions introduites par certaines personnes en vue d’obtenir un titre de propriété avaient été définitivement rejetées par les juridictions administratives et civiles.

82. Ainsi, la question de savoir si les requérants pouvaient demander un titre de propriété sur le fondement des ventes opérées par la mairie de Balçova a été examinée par les juridictions internes, lesquelles y ont répondu par la négative au motif qu’il n’y avait pas de ventes valables, accomplies conformément aux conditions prévues par la loi. Elles ont ensuite conclu que les intéressés ne pouvaient pas valablement s’appuyer sur les ventes en question pour demander le transfert de la propriété d’un terrain via l’inscription de celui-ci à leur nom au registre foncier.

83. Au plus tard au moment où la Cour de cassation avait rendu son arrêt du 9 octobre 2003, les requérants ne pouvaient donc plus prétendre avoir une espérance légitime à obtenir un titre de propriété pour des terrains à attribuer par la mairie de Balçova.

84. À la suite de la modification apportée à la loi no 4342 sur les pâturages par la loi no 5178 du 27 mai 2004 et la loi no 5334 du 20 avril 2005, les requérants ont introduit de nouvelles demandes en vue d’obtenir l’inscription de terrains à leur nom. Les juridictions ont estimé que l’article 3 transitoire de cette loi, tel que modifié par la loi no 5334 précitée, ne rendait pas caduque la décision définitive rendue le 9 octobre 2003 par la Cour de cassation à l’issue de la première procédure. Selon lesdites juridictions, les conditions relatives à l’application de cette nouvelle disposition ne se trouvaient pas réunies dans le cas des requérants (paragraphes 39, 41 et 44 ci-dessus). À cet égard, la Cour note que l’article 3 transitoire concerne les pâturages qui figurent comme lieu d’implantation (yerleşim yeri) sur un plan d’urbanisme devenu définitif avant le 1er mars 2003 et qui sont occupés à cette dernière date. Or tel n’est clairement pas le cas des requérants.

85. La Cour rappelle qu’il ne lui appartient pas d’apprécier elle-même les éléments ayant conduit une juridiction à adopter telle décision plutôt que telle autre car, ce faisant, elle s’érigerait en juge de quatrième instance (Kemmache c. France (no 3), 24 novembre 1994, § 44, série A no 296C). Elle observe que rien dans le dossier ne permet de déceler un quelconque élément d’iniquité dans le déroulement des procédures, qui ont respecté le principe du contradictoire et au cours desquelles les requérants ont pu présenter leurs arguments pour la défense de leurs intérêts. Les prétentions des intéressés à ce titre ont été entendues à plusieurs égards et examinées par les juridictions internes. À la lumière de la législation et des décisions définitives déjà rendues à propos des mêmes faits, les juridictions ont considéré que les conditions légales de réalisation d’une « vente » n’étaient pas réunies en l’espèce et que, dès lors, les requérants ne pouvaient pas exiger la délivrance d’un titre de propriété. La Cour n’aperçoit aucun élément de nature à lui permettre de considérer ces décisions comme arbitraires ou manifestement déraisonnables.

86. S’il est vrai que d’autres personnes ont, elles, obtenu un titre de propriété par le passé, la Cour note que les dernières attributions de terrain ont été effectuées en 1997 et qu’à partir de 2003, la mairie de Balçova a informé les intéressés que si elle avait distribué les terrains rétrocédés par la mairie métropolitaine, elle n’avait pas pu obtenir la rétrocession des terrains restants malgré ses démarches répétées à cette fin.

87. À la lumière de ces considérations, la Cour ne saurait conclure que l’espoir des requérants de se voir attribuer encore un terrain, malgré le rejet de leurs prétentions par l’arrêt de la Cour de cassation du 9 octobre 2003, constituait une forme de créance suffisamment établie pour être exigible. Au contraire, depuis l’arrêt précité, ils avaient perdu toute espérance légitime, et l’article 3 transitoire de la loi no 4342 ne leur a pas permis de regagner une telle espérance. Il s’ensuit qu’ils ne peuvent pas, dans le cadre des présentes requêtes, se prévaloir de l’existence de « biens » au sens de l’article 1 du Protocole no 1.

88. Cette partie de la requête est donc incompatible ratione materiae avec les dispositions de la Convention au sens de l’article 35 § 3 et doit être rejetée en application de l’article 35 § 4.

6) Sur le grief concernant le rejet de la tierce intervention de certains requérants

89. Les requérants soutiennent que le rejet de la tierce intervention de certaines personnes dans la procédure en annulation, ayant conduit au jugement du tribunal administratif d’İzmir du 24 octobre 2003 (paragraphe 22 ci-dessus), a enfreint l’article 6 de la Convention.

90. La Cour a examiné ce grief tel qu’il a été présenté par les requérants. Compte tenu de l’ensemble des éléments en sa possession, elle n’a relevé aucune apparence de violation des droits et libertés garantis par la Convention ; ce grief est donc manifestement mal fondé et doit être rejeté en application de l’article 35 §§ 3 et 4 de la Convention.

Par ces motifs, la Cour, à l’unanimité,

Décide de joindre les requêtes ;

Déclare les requêtes irrecevables.

Fait en français puis communiqué par écrit le 19 février 2015.

Stanley Naismith András Sajó
Greffier Président


ANNEXE

20971/07 LISTE DES REQUÉRANTS

1. ABDÜLHALİM ÖZGÜLTEKİN

2. ÜMRAN EKİNCİ

3. ZEYNEP DURAN (EKİNCİ)

4. ZUHAL GÜLER (EKİNCİ)

5. TUĞBA EKİNCİ

6. ABDULLAH SOLAK

7. AHMET ARSLAN

8. AHMET BAYKUL

9. AHMET BOZ

10. AHMET CAVİT SALMAN

11. AHMET CİBAR

12. AHMET DİBEK

13. AHMET HÜSAMETTİN BAŞTÜRK

14. VAHİDE İSMAİLOĞLU

15. OKAN İSMAİLOĞLU

16. ERKAN İSMAİLOĞLU

17. ALİYE AYDOĞDU (KARAOĞLAN)

18. SABİHA GİRGİN (KARAOĞLAN)

19. SADIK KARAOĞLAN

20. MUSTAFA KARAOĞLAN

21. AHMET KÜL

22. AHMET ÖZBAŞ

23. AHMET TAMER

24. AKİLE KAT

25. FETHİYE ARSLAN

26. ZUHAL KÖRMEN (ARSLAN)

27. CEMALETTİN ARSLAN

28. ALEATTİN AYİÇİ

29. ALİ GÜNGÖRMÜŞ

30. ALİ İHSAN KATI

31. ALİ KAYMAZ

32. TAYYAR ÖZEKİNCİ

33. ÖNDER ÖZEKİNCİ

34. HAYDAR ÖZEKİNCİ

35. NİLÜFER ÖZEKİNCİ

36. ALİ KOÇ

37. ALİ KUZU

38. ALİ ÖZAVCI

39. ALİ YILDIRIM

40. ARMAĞAN JÜLİDE ÖNEL

41. ASLAN TEKİN ÖNEL

42. ATİKE SOLMAZ AY

43. AYDAN HASÇİLİNGİR

44. AYDIN KULTAŞ

45. TUNA AKSOY

46. AYÇA AKSOY SEYDİOĞULLARI

47. ALPER TUNCA AKSOY

48. AYLA ÖZKAN

49. AYSEL KABADAYI

50. VURAL ÇETİN

51. SEVAL SİSALAN (ÇETİN)

52. AYŞE KESKİN (ÖZKARA)

53. AYŞE MUGANLI

54. AYŞE PERİHAN GÜMRÜKÇÜOĞLU

55. NEBAHAT BAYDAR

56. AYŞE POLAT

57. AYŞE SERPİL KABAKÇI (OĞUZOĞLU)

58. AYŞE VİLDAN KARATAŞ

59. AYTEN SALMAN

60. CAHİDE KUMOVA

61. İBRAHİM KUMOVA

62. FEYZULLAH KUMOVA

63. SADULLAH KUMOVA

64. MEHMET FATİH KUMOVA

65. MUSTAFA KUMOVA

66. BAKİ SATIR

67. BASRİ PAKSOY

68. BAYRAM ALTUNKAYNAK

69. BEHİYE BIÇAKÇIOĞLU

70. BEKİR GÜRSES

71. BEKİR KORUK

72. BETÜL YALÇIN (DURAN)

73. BİLGİN MORALIOĞLU

74. BİNALİ BATI

75. BİRSEN SEVİL

76. BÜLEND ÜÇER

77. CAFER TEKİN

78. CANAN TUNCA

79. CEMAL BİLİR

80. CEMAL ÇAĞMAN

81. CEMALİ KARAPINAR

82. CEMALİ KARAPINAR

83. ALİ KARAPINAR

84. CEMİL KARAPINAR

85. YAŞAR KARAPINAR (UZUNCA)

86. MURAT SUSAMCIOĞLU

87. HİLMİ SUSAMCIOĞLU

88. AYŞE MUGANLI

89. ALİ MUGANLI

90. CUMHUR ÖZDEMİR

91. DERGÜL PINAR (EMİRLİ)

92. DURMUŞ DURMAZ

93. EMİN KAZIM KURTULUŞ

94. EMEL KUZU

95. EMİN TEKİN

96. FAYİKA TİRYAKİ

97. ÇEŞMİNAZ SEMA KILINÇ (TİRYAKİ)

98. VALA HAKAN TİRYAKİ

99. EMİNE BAHTİYAR

100. AHMET ZİYA ÖZDEMİR

101. ERDAN SOLMAZSOY

102. ERDOĞAN SAZAN

103. AYSEL BUYRUK

104. DİLEK ARIKAN (BUYRUK)

105. AYTAÇ BUYRUK

106. ŞULE ÇİLEK (BUYRUK)

107. CÜNEYT BUYRUK

108. NURSEN BUYRUK

109. EROL ÜNSAL

110. ERSİN ALÇITEPE

111. ERTUĞRUL UTLU

112. ESMA ARSLAN

113. MEBRURE EREZ

114. HAYATİ EREZ

115. BERRAK EREZ

116. EYYÜP KARAGÖZOĞLU

117. FADİME SELA

118. FAHRİYE NEVİN ÜZÜMLÜ (ÖZBAYTEKİN)

119. FARUK EMRE

120. FATİMATÜZ ZEHRA EMRE

121. FATMA BAŞPINAR

122. FATMA NERMİN ALANÇAY

123. FATMA SAİME ATLAR

124. FEHİM ATAY

125. FERİDUN ŞANA

126. FERİHAN ZİNCİRVURAN

127. FERİT SEFA YÖNT

128. FEYZULLAH KURTULAN

129. FİKRİ FEYYAZ AKYILDIZ

130. FİKRİYE SEVİL

131. FİLİZ ÖZKAN

132. GÜLBÜN ORALDAĞ

133. GÜLER EROL (AVSİNDİRİN)

134. GÜLER KARLIİL

135. GÜLER KATI (ÖNAL)

136. GÜLSERİN KAZICIOĞLU (EREN)

137. GÜLTEN ŞANLI (FIRAK)

138. NAHİDE DALGIÇ

139. GÜLAY ADSUNGUR

140. CEYHAN DALGIÇ

141. SEYHAN DALGIÇ

142. GÜNGÖR ILGIN

143. SERPİL SÖKELİ

144. HÜSNÜ KARACAOVA

145. HABİBE YÜCEL

146. HACI OMUR

147. HAKI GÖNÜL YERLİKAYA

148. SAADET HAS

149. ÜMRAN SAYGIN

150. GÜLHAN KAYA

151. REYHAN HAS

152. RUKİYE YÜKSEL

153. ŞERİFE KAPCI

154. MEHMET KAPCI

155. AHMET KAPCI

156. FATMA KAPCI

157. HALİL KOÇAK

158. HALİL YALÇIN

159. HALİS AKAN

160. HASAN CAN

161. HASAN GEYİK

162. HASAN HULKİ GENÇALP

163. MEDİHA ÖZER (KARATAŞ)

164. ATİLLA ABAYLI

165. KIYMET KARAÜZÜMLÜLER (ABAYLI)

166. HATİCE ULUTÜRK

167. HAVVA AYNUR DEDEOĞLU

168. HAVVA GÜLÜM

169. HAVVA ULUTÜRK

170. HEDİYE BİLGİ

171. HIDIR TURHAN

172. HİKMET KİRACI

173. HİLMİ KARAGÖZ

174. HÜDAİ YERLİKAYA

175. HÜLYA ÖZDEMİR

176. HÜSEYİN ÇAY

177. HÜSEYİN FIRAT

178. HÜSEYİN KAPLAN

179. HÜSEYİN TUNA

180. FERİDE KÜL

181. HÜSNÜ ACAR

182. İBRAHİM TİRYAKİ

183. İBRAHİM AÇIKGÖZ

184. MELİHA AKÇALI

185. BURÇİN ALTUNHAN (AKÇALI)

186. ERÇİN AKÇALI

187. İBRAHİM KÖSEOĞLU

188. İBRAHİM NECMİ AKMAN

189. İBRAHİM ÖZİL

190. İBRAHİM ŞENGÖR

191. İBRAHİM TOMAN

192. YURDAGÜL YILMAZ

193. BAYRAM YILMAZ

194. ONUR YILMAZ

195. YAĞMUR YILMAZ

196. İBRAHİM YUMUK

197. İLYAS BİÇİCİ

198. İMAM GÖK

199. İMAM TÖKEL

200. TACETTİN ÇÜRE

201. ALAATTİN ÇÜRE

202. SEVAL ÇÜRE

203. ÖZNUR VATANSEVER (ÇÜRE)

204. İRFAN YILMAZ TORUN

205. İSMAİL AKÇE

206. İSMAİL DURAL

207. İSMAİL ERYİĞİT

208. İSMAİL KILIÇ

209. İSMAİL LİDER ÖNEN

210. BEHİYE ENDER ÖNEN

211. MUSTAFA ÖNDER ÖNEN

212. ZEKİYE TİRYAKİ

213. ASİYE KIRAN (TİRYAKİ)

214. ALİ YILDIRIM

215. SALİHA YILDIRIM

216. HAVVA YILDIRIM

217. İSMET AYPAK

218. İSMET HERGÜNAÇ

219. NADİRE SOLUM (ÖZTATAROĞLU)

220. KENAN SOLUM

221. SERPİL SOLUM

222. HAKAN SOLUM

223. ENES SOLUM

224. MAHMUT GÜRSOY

225. MUSTAFA GÜRSOY

226. AHMET GÜRSOY

227. MEHMET GÜRSOY

228. BAHA GÜRSOY

229. HAYIRLI GÜRSOY (SAYMAN)

230. HÜSEYİN GÜRSOY

231. SADIK GÜRSOY

232. KADİR ÇETİN

233. ZEHRA KOÇ

234. NECLA KOÇ

235. NURHAYAT EROCAK (KOÇ)

236. AYŞE KOÇ

237. KADİR ULUTÜRK

238. KADİR UZMAN

239. KADRİYE BORA

240. KADRİYE DENİZ

241. KADRİYE GÖRÜMLÜ

242. KADRİYE YAZKAN

243. KADRİYE YAZKAN

244. KAHRAMAN ÇELİKER

245. KAMİL ERDEM

246. KAZIM ATAKLI

247. KAZIM TAŞ

248. ALİ RIZA TAŞKIN

249. KEMAL BAŞAR

250. KEMAL KARACA

251. KEMAL ÖZGÜL

252. KEMALİTTİN KAYA

253. KENAN İLHAN

254. KERİM SARIKUŞ

255. MELİHA İLKİ GÖNENDER

256. BELKIS PENZO

257. LEMAN ŞAHİN

258. LÜTFÜ FİLİZDAYILAR

259. MEHMET EMİN AKTAŞ

260. MEHMET EMİN ÇEVİK

261. MEHMET İSMETULLAH YAZAR

262. MAHMUT ALTINİĞNE

263. MEHMET ALİ ÖZUYANIK

264. EMİNE YÜZÜGÜLDÜ

265. SAVAŞ YÜZÜGÜLDÜ

266. ZAFER YÜZÜGÜLDÜ

267. FATMA YÜZÜGÜLDÜ

268. ZEHRA YÜZÜGÜLDÜ (ULUDAĞ)

269. ÖMER YÜZÜGÜLDÜ

270. MEHMET BAŞPINAR

271. MEHMET DAĞ

272. EROL ÜNSAL

273. MEHMET ERDEM ÜNSAL

274. MEHMET ERYOLU

275. ELİF DOĞANAY

276. IŞIK YILDIRIM (DOĞANAY)

277. MEHMET GÜMÜŞKUYRUK

278. MEHMET GÜNDAY

279. MEHMET GÜRCAN

280. MEHMET HİKMET ERDEN

281. MEHMET ILGIN

282. MEHMET İŞCAN

283. MEHMET KAHVECİOĞLU

284. MEHMET KILINÇ

285. MEHMET ŞAHİN

286. MEHMET TÜFEKÇİ

287. MEHMET ÜLGEN

288. MEHMET YAVUZ

289. MEHMET YAZICI

290. REFAKAT YILMAZ

291. SEMRA KÖSE (YILMAZ)

292. MEMDUHA KARAGÖZOĞLU

293. MEHMET VARLI

294. MELİH HAKAN İZMİRLİOĞLU

295. MESTAN AKGÜN

296. MEŞKURE DURAK (DEREBAĞ)

297. METİN BAŞER

298. MEVLÜT FERLİGÜL

299. MEVLÜT TAŞAR

300. MUHARREM DEMİRHAN

301. MUHARREM KUŞ

302. MUSTAFA BÜYÜKDOĞAN

303. MUSTAFA GENCER AKSOY

304. MUSTAFA GEYİK (KEYİK)

305. MUSTAFA LÜTFÜ DEDEOĞLU

306. ZEYNEP BAŞGÜLŞEN (ADAK)

307. MUSTAFA TEZ

308. MUZAFFER BOYACI

309. MÜMİN KANER

310. MÜMİNE GEYİK

311. MÜRSEL OK

312. MÜRÜVVET MUMCU

313. MÜRÜVVET ÖZDEMİR

314. MÜRÜVVET ÜÇER

315. MÜZEYYEN ALTUNER

316. NADİDE UĞURLU

317. NAFİ İNAL

318. NAİL SIKILI (SAYGIN)

319. HÜSEYİN ÖZŞİRİN

320. KUDRET ÖZTAŞ (ÖZŞİRİN)

321. FİKRET ÖZŞİRİN

322. NAZIM YILDIZ

323. NAZMİ ÖZKAYA

324. OKTAY ÖZSEZER

325. OKAY ÖZSEZER

326. TÜLAY ÖZSEZER

327. NECATİ BİRCAN

328. NECATİ OCAK

329. RUKİYE OKAY

330. NADİR NURİ OKAY

331. AYLA OKAY (GÜRLEYEN)

332. NEDRET İNAL

333. NEVİN GÜLMEN

334. NEVZAT YILMAZEL

335. NAZAHAT CENAN (ÖZKAN)

336. NEZİHA AKSU

337. ALİ YAKUP GÖKÇE

338. SANİYE GÖKÇE

339. NURİYE NUR GÖKÇE

340. ZEKAİ YUSUF GÖKÇE

341. NURDAN KERESTECİOĞLU

342. NURGÜL BİÇER (GEYİK)

343. NURHAYAT EROCAK

344. NURİYE ÇİFTÇİ

345. NURTEN KILIÇ

346. NURTEN ÖZAKMAN

347. NURTEN ÜNAL

348. NURULLAH TABAK

349. ORHAN BORKAF

350. ORHAN KAYA YAYMACI

351. OSMAN VARGÖR

352. ORHAN KOYUNCU

353. HİDAYET GÜRTEKİN

354. YILMAZ GÜRTEKİN

355. MURAT GÜRTEKİN

356. SAADET GÜRTEKİN

357. OSMAN ÖZCAN DORA

358. OSMAN YILDIRIM

359. ÖMER KERESTECİOĞLU

360. ÖNDER TOPRAKÇI

361. RAMAZAN BUCAK

362. RAMAZAN EKİNCİ

363. REFAKAT YILMAZ

364. FATMA BAŞGÜLŞEN

365. REFİKA ERDEM

366. REMZİ KURT

367. REMZİYE BUHUR (TERZİLER)

368. REMZİYE GÜNDAY

369. RESMİYE ALTINCI

370. RESMİYE YÖNAÇ

371. REYHAN ACARTÜRK

372. RUKİYE OKAY

373. SEVGÜL ÇOBAN

374. SABİHA TEMİZEL (TÜRKER)

375. SABRİ SOYSAL

376. SABRİYE TÖKEL

377. YAŞAR NECDET KABADAYI

378. SADULLAH KOZA

379. HÜSEYİN GÜLDÜR

380. SALİH ÇİLEK

381. SAMİ DEMİREZEN

382. KADRİ ÖNEL

383. CELAL BEDRİ ÖNEL

384. SALİHA REYYAN ÖNEL

385. SARE CIRIK (YÜCE)

386. SEBAHAT DUMRUL

387. SEBAHAT EKER

388. SEBAHAT AYİÇİ

389. SELAHATTİN ŞEKEROĞLU

390. SEMİH AKTAŞ

391. SEMRA KISAK (ALAN)

392. SEMRA ŞENKAYA

393. SEVİM İÇÖZ

394. SEYFETTİN ÖNER

395. SULTAN KOÇ

396. BURHAN ÖZTÜRK

397. GÜLSER ÖZTÜRK

398. TURAN ÖZTÜRK

399. SÜLEYMAN RAGIP AKBAY

400. HASAN TOGAY

401. ŞAKİR GÜRSOY

402. ŞAYAN ÖZTÜRK

403. ŞEBNEM AKYILDIZ

404. ŞENER NALÇIER

405. ŞENGÜL ALBENİ

406. ŞÜKRİYE ÇELİK (COŞUT)

407. ŞÜKRÜ ALPASLAN (SÜSLÜMEMİŞ)

408. TALAT ÇOBAN

409. TAHİR DERİNSU

410. NAZMİYE TAŞKIRAN

411. MUZAFFER PAKSOY

412. HÜSEYİN PAKSOY

413. TEVFİK KARASU

414. TURHAN UĞURLU

415. TÜLAY BİLGİLİ (ÇİLENGİR)

416. TÜLAY ÇETİN

417. ÜMRAN KARACAOVA

418. ARSLAN OCAKLI

419. ÜMMAHAN YALÇIN

420. ÜMRAN BÜTÜNER (ÖZAVCI)

421. VAHİDE İSMAİLOĞLU

422. VELİ KOCAKAYA

423. YAŞAR CANUZ

424. ULVİYE ÇAKIR

425. GÜLAY KÜÇÜK (ÇAKIR)

426. OSMAN ÇAKIR

427. YAŞAR TÖKEL

428. YILMAZ AKSOY

429. YILMAZ ÖZKAN

430. YÜCEL TUNA

431. YÜKSEL YETKİNOĞLU

432. ZEHRA KOÇ

433. ZİHNİ ÇALIŞKAN

434. NEZAHAT KISAK

435. HÜSEYİN İŞÇİ

436. BEKİR ERŞAN

437. NURAN TURAN

438. AHMET METİN TURAN

439. AYŞE SERMİN ÇAPA (TURAN)

440. AHMET ÖZDEMİR

441. ALİ ARSLAN

442. ALİ ERTEKİN

443. HAYRETTİN KAPLAMAGÜMÜŞLÜ

444. ŞÜKRAN OYSAL

445. AYŞE AFŞAR

446. BEDİA KÖKLER

447. ÇELİK ERTAN

448. EMİNE NEŞE ARTUNER

449. ETHEM EREN

450. EYYÜP GÜR

451. FATMA KILIKÇI

452. HALİT ERDİ

453. HAYRİ PAKEL

454. HÜSEYİN DEMİRDÖVEN

455. ADVİYE UĞUR

456. CANAN UĞUR

457. HÜSEYİN YILDIZ

458. İBRAHİM BALKAN

459. MEHMET ALİ EREN

460. MEHMET YILDIRIM

461. MUHARREM GÖKUÇ

462. BEDİA KÖKLER

463. NAZLI HAÇAN (KÖKLER)

464. NAZAN KÖKLER

465. GÜLZADE DUGALI (KÖKLER)

466. ZEKERİYA KÖKLER

467. ZEKİ KÖKLER

468. ADNAN KÖKLER

469. GÖL ÖZLER

470. İLKER AVCI

471. İLKAY ERGÜZEL (AVCI)

472. ALİ SEVİMLİ

473. FATİME ÇALIŞKAN (SEVİMLİ)

474. HANİFE GELİŞKEN (SEVİMLİ)

475. SAFİYE KALKAN (İÇİNGİR)

476. ERCAN CİHANGİR

477. SERPİL CİHANGİR

478. OYA YILDIZLAR

479. SERKAN YILDIZLAR

480. FAİK YILDIZLAR

481. SONER YILDIZLAR

482. ŞİNASI TAŞÇI

483. TÜLAY CARIK (TAŞÇI)

484. HALİL TAŞÇI

485. İSMAİL TAŞÇI

486. GÜLAY NALKIRAN (TAŞÇI)

487. ZEHNİ DURGUN

488. GÜNER KARASU

489. İCLAL ATILGAN

490. HATİCE ANA CANKAYA

491. RASİME YILDIZ KARADENİZ

492. SERDAR KARADENİZ

493. SERAP AKIN (KARADENİZ)

494. YUSUF TÜRKOĞLU

495. AYFER AYAYLI

496. ALİ İHSAN TÜRCAN

497. İBRAHİM SÖZER

498. HASAN YENİDENİZ

499. HALİME KARACA (ERDOĞAN)

500. MUSTAFA GÜVEN AĞAR

501. AYLA ÖZER

502. ENGİN TUGAY

503. AYLA ÖZER (AĞAR)

504. HAYIRLI SAYMAN

505. EMİNE EMEK

506. ÜNAL SAYMAN

507. ŞÜKRÜ SAYMAN

508. RUŞİT EREN

509. AYTEN BİLGİN

510. İLYAS BİLGİN

511. DEVRİM BİLGİN

512. AYTEN BİLGİN

513. İLYAS BİLGİN

514. DEVRİM BİLGİN

515. İHSAN DEMİRCAN

516. MEDİNE NİLGÜN DEMİRCAN

517. MUSTAFA DEMİRCAN

518. YÜCEL KADER

519. ALİ RIZA İLBAN

520. SADIK DEMİRHAN

521. MÜZEYYEN ISPARTA

522. MUSTAFA AK

523. SEMİH MAVUŞ

524. NİYAZİ MAVUŞ

525. SEMİHA MAVUŞ

526. GÜLER ÖRDE

527. ERCAN ÖRDE

528. ERGUN ÖRDE

529. İLHAN ÇIKIKÇI

530. ORHAN ÇIKIKÇI

531. SERVET ÇIKIKÇI

532. REYHAN SOMUNKIRAN

533. GÜRCÜ HEKİMOĞLU

534. EMİNE ÖZAYDIN (TÜNAY)

535. ALİ NİHAT UYSAL

536. RAKİBE UYSAL

537. ALİ BATU TERZİBAŞIOĞLU

538. MEHMET ARGUN TERZİBAŞIOĞLU

539. NURTEN TERZİBAŞIOĞLU

540. CEREN TERZİBAŞIOĞLU (TUNCAY)

541. REYHAN ORTAÇ

542. FATMA YAVUZ

543. İSMET YAVUZ

544. LEVENT YAVUZ

545. LERZAN YAVUZ (ULU)

546. ZUHAH FERYAL DİNÇSOY

547. MERAL KIZILCAHAVLI

548. AHMET SERHAT EREN

549. İSMAİL NEVBER EREN

550. ARİF SELÇUK EREN

551. İSMAİL YÜCEDAĞ

552. MEHMET TÜREL

553. ŞERİFE OKUTUCU (DUYGUN)

554. ŞENER OKUTUCU

555. MEHMET KÜÇÜK

556. MÜSERRET GÖZÜYAŞARAN

557. KADRİYE DENİZ

558. MEMNUNE ÖZKÖK

559. ZELİHA TÜRKAY

560. SELMA YILMAZ

561. SERDAR ÖZKÖK

562. GÖKNUR ERİŞEN

563. ÖZNUR KOÇER

564. GÖZDE EDEBALİ

565. GÖZLEM YAVER

566. MUHARREM BEŞİRİK

567. GÜLZADE VARLI

568. METİN CANDEMİRLİLER

569. MÜLKİYE EREL

570. SELDA IŞIK

571. GÜLDANE ÇARIKÇI

572. İLYAS ÇARIKÇI

573. ALİ ÇARIKÇI

574. GÜLŞEN SATIRLAR

575. BİRSAN ÖZMEN

576. ÖMER ÇOLAKOĞLU

577. KEMAL ÇOLAKOĞLU

578. HAYRETTİN ÖZFİLİZ

579. LEVENT GÜLSÜN

580. EROL GÜLSÜN

581. MUSTAFA BÜLENT GÜLSÜN

582. İKBAL KEKLİK

583. FERİDE TEMİZEL

584. SABİHA GÜNAY

585. TÜLAY GÜNAY

586. TANEL GÜNAY

587. NİHAT GÜNAY

588. HÜSEYİN YILDIZ

589. MURTAZA ALÇIK

590. EMİNE SELÇUK

591. NAZİK TÜKEL (SELÇUK)

592. MEHMET ALİ SELÇUK

593. MEDİHA ŞAHİN (SELÇUK)

594. MEHMET ALİ BAYRAM

595. AHMET BAYRAM

596. TÜLAY DEMİR

597. OSMAN DEMİR

598. RAMAZAN EKİNCİ

599. ZEHRA ÖCAL

600. EMİNE ÖZTÜRK

601. AYŞE KONİ

602. ÜMRAN EKİNCİ

603. ZEYNEP DURAN

604. TUĞBA EKİNCİ

605. ZUHAL EKİNCİ (GÜLER)

606. MEHMET ŞERİF IŞIK

607. HASAN YILMAZ GÜNDOĞDU

608. HANİFE YILDIZ DEMİR

609. EROL GÜNDOĞDU

610. ERGİN GÜNDOĞDU

611. NURETTİN GÜNDOĞDU

612. HASAN GÜNDOĞDU

613. TAHSİN DARCAN

614. NEZİHE KÜMBETLİ (ÖZER)

615. HAYİM PALAMBO

616. EMİNE NEŞE ARTUNER

617. FETİHA ÖZÇİÇEK

618. GÜLER KOÇDOĞAN

619. FATİH KOÇDOĞAN

620. YASİN KOÇDOĞAN

621. ENGİN KOÇDOĞAN

622. MUSTAFA ŞÜKRÜ KISMETLİ

623. NESİBE KISMETLİ

624. FATMA ŞADİYE BİROL

625. MUSTAFA ŞENSES

626. MUSTAFA DİNDAR TÜRCAN

627. HÜSEYİN ŞERİF CANDEMİR

628. AHMET KANTAR

629. ALİ İHSAN ÇALIŞ

630. MEHMET NACİ ÇALIŞ

631. NECMETTİN HASBAY

632. HAFİZE HASBAY

633. MEVLÜT FERLİGÜL

634. VAHAP KUŞÇU

635. BARBAROS HAYRETTİN KURTOĞLU

636. NEŞE ERGİN

637. SUZAN SÜMER

638. İMRAN ERSAYAN

639. GÜLÜMSER TÜRKOĞLU

640. DERİN TÜRKOĞLU

641. AYŞE FÜSUN TÜRKOĞLU

642. GÜLÜMSER TÜRKOĞLU

643. SABRİYE ÇAKIRER

644. İSMİL BERBER

645. İZABER BERBER

646. ZERRİN RAHİM

647. İLKNUR KILIÇ (DİZBAY)

648. HANDE IŞIK

649. İLKNUR KILIÇ (DİZBAY)

650. BÜLENT ARAÇ

651. OSMAN GENER ARMANGİL

652. ÜMİT ARMANGİL

653. ÜMİT ARMANGİL

654. MEHMET ERDOĞAN

655. KEZİBAN BAŞAL

656. YAVUZ BAŞAL

657. GÜLŞEN KARATAŞ

658. MEHMET KARATAŞ

659. İBRAHİM KARATAŞ

660. BİRGÜL HEPANIL

661. NÜRGÜL TARCAN

662. SENA UÇAK

663. AYLA CANDOĞAN

664. ÜNSEL ERSÜ

665. SEMRA BOZDEMİR

666. ÜLKÜ GÜNEŞ

667. EVREN CANDOĞAN

668. TAHSİN ERHUN (VASİSİ HÜLYA BEKTAŞ)

669. MÜJKAN ATA

670. GÜVEN ATA

671. ÇİĞDEM KUPŞİ (ATA)

672. ONUR ATA

673. SEMİRAY DIRAMALI

674. NURİ KAHRAMAN

675. ABDULLAH SÖYLER

676. SERVER KURTULDU (USLU)

677. AHMET KURTULDU

678. SEVİM NUR ŞİMŞEK

679. RAMAZAN TOPALOĞLU

680. ŞERİFE TOPALOĞLU

681. BİLAL TOPALOĞLU

682. EMİNE TOPALOĞLU

683. MÜRSEL COŞĞUN

684. SAADETTİN AYHAN

685. ALİ ERDOĞAN

686. GÜZEL KANIK

687. ABDULKADİR ÖZFİLİZ

688. AYŞE ZİNET ACIÖZ

689. MEHMET ÖZER ÖĞÜNÇ

690. GÜRAY PARLAS

691. HÜSEYİN SAMUR

692. METİN ERDOĞAN

693. SALİH AYAK

694. HATİCE KURUM (GÖZENER)

695. HASAN GÖKER OKTAY

696. DERİN TÜRKOĞLU (DEVRİM)

697. ÜNAL SÖKELİ

698. NİHAT BORA

699. ESAT TAŞLIÇAY

700. ÜNAL KAMER

701. HALİME AYDENİZ

702. ALİ PAŞA KOÇ

703. GÜLTEN EREZ

704. YILMAZ TEVKÜR

705. HATİCE TEVKÜR

706. İBRAHİM TEVKÜR

707. SEMRA YAZICI (TEVKÜR)

708. ABDULHALİM KARAATLI

709. SABAHATTİN SUNAL

710. FAHRETTİN SUNAL

711. MUSTAFA KUNDURACI

712. AZİZ ARKAN

713. HİLMİ DOĞAN

714. MERCAN DOĞAN

715. MUHARREM KAŞIKÇI

716. ÜMMÜ REYHAN ÖNCÜ

717. ALİ BAŞAR

718. FİLİZ BAŞAR

719. İPEK BAŞAR

720. GÜLİZAR ÖZFİLİZ

721. NEBAHAT ÖZFİLİZ

722. HANİFE ALTINDAĞ

723. MUSA ALTINDAĞ

724. VEDİA İKEN

725. ALİ BAŞAR

726. FİLİZ BAŞAR

727. İPEK BAŞAR

728. DUDU YILDIRIM

729. KENAN YILDIRIM

730. İSMAİL YILDIRIM

731. ALİ YILDIRIM

732. HÜSEYİN YILDIRIM

733. NURAN TANRIBUYURDU

734. ALİ KIDAK

735. HAYRETTİN GÖKDEMİR

736. UĞUR BAŞARAN

737. ÖMER BAŞARAN

738. UĞUR BAŞARAN

739. HEDİYE SİNEK

740. MERAL SARIKAYA

741. MİNHAL ÖZDUMAN

742. AVRAM BENCUYA

743. YEMEN YALÇIN

744. MUSTAFA KUYTAN

745. TACETTİN KIRIMSOY

746. HÜLYA HANDAN YAĞIZ (YAVUZ)

747. MÜSLÜME MUKADDER YAĞIZ

748. HÜSNÜ HAKAN YAĞIZ

749. SEMRA ATEŞ

750. GÜLNİHAL ADINA FATMA GÜZEL

751. FATMA GÜZEL

752. AYŞEGÜL YAVUZ

753. HACI MEHMET DUMAN

754. MELEK DUMAN

755. NECATİ ÇIRAKMAN

756. LEVENT ÇIRAKMAN

757. MURAT ÇIRAKMAN

758. GÜL HİLAL GÜZEL

759. GÜLSEN ÇAMLIBEL

760. SEMAHAT UYANIK

761. FAHRİ ŞARDAĞ

762. AHMET OLÇUM

763. FADİME DEMİRHAN (KILINÇASLAN)

764. FEYZİ KILINÇARSLAN

765. M. NECİP TÜTÜNCÜ

766. SÜLEYMAN BAKIR

767. SAADET ZABİTOĞLU

768. ALİ İHSAN ZABİTOĞLU

769. ÖMÜR ZABİTOĞLU (MEKİKER)

770. SEVİL ZABİTOĞLU (KURAT)

771. NAZİK ZABİTOĞLU

772. MEHMET YÜKSEL ZABİTOĞLU

773. YASEMİN ZABİTOĞLU

774. FAİK ARSLAN

775. BALÇOVA ARSA MAĞDURLARI İNSANİ DAYANIŞMA DERNEĞİ

776. SAİM KATIRCIOĞLU

51777/07 LISTE DES REQUÉRANTS

1. GÜSSÜN GÜLER

2. İLKNUR HAYRETDAĞ (GÜLER)

3. MARİFİ GÜLER

4. ZAHİDE TANINMIŞ

5. MUSTAFA ÇETİN TANINMIŞ

6. MUZAFFER TANINMIŞ

7. NEZİHE TANINMIŞ (BÜYÜKYILDIZ)

8. ABDÜLVAHİT EROL

9. ABDULKADİR IRMAK

10. CEMİLE UĞURLUOĞLU

11. AYŞE IRMAK

12. İBRAHİM IRMAK

13. MUSTAFA IRMAK

14. KAMİL IRMAK

15. ADİLE UĞUR

16. AHMET BÖREKÇİ

17. RECEP TEOMAN DAMCI

18. ALİ AYDIN

19. ALİ GAMZE

20. ALİ GEZGİN

21. ALİ HAYDAR LİVER

22. ALİ KORAL

23. ARMAGAN İNCİ TANSAL

24. AVNİ VURAL

25. AYLA ÇOKÖVER, HALICI, TEKBASKICI

26. AYSEL PALACI (SAĞ)

27. ABİDİN KOÇ

28. TÜMAY KOÇ

29. TANER GÜNAY KOÇ

30. BAHRİYE HELVACI

31. BAHSİ ÇELİK

32. BAİSE KAYHAN

33. BEKİR YAĞCIOĞLU

34. FATMA BAYRAM

35. ASLI BAYRAM

36. ÖZGÜR BAYRAM

37. MUHARREM İGEÇ

38. CAHİDE İGEÇ

39. SELAHATTİN ÖZIŞIKOĞLU

40. FEVZİ OZIŞIKOĞLU

41. GÜLER ÖZIŞIKOĞLU (UĞRAŞ)

42. ARİF ÖZIŞIKOĞLU

43. SEVGİ ÖZIŞIKOĞLU (YURTTAŞ)

44. OKTAY KARADENİZ

45. OLCAY KARADENİZ

46. ÇERKEZ SÜREYYA KAHRAMAN

47. EMİNE ARAN ARAS

48. HİKMET TÜRKMEN

49. NADİDE TÜRKMEN

50. BAHADIR TÜKMEN

51. FUNDA TÜRKMEN

52. İREM TÜRKMEN

53. FATMA TÜRKMEN

54. SÜREYYA ŞULE TÜRKMEN

55. HÜLYA SUNGUR

56. EYÜP SADIKOĞLU

57. FATMA BAYRAM

58. FATMA ÖKSÜZ (YÜCEL)

59. FATMA YILDIRIM

60. FİNAT RODOP

61. GALİP GALİN

62. HAFİZE AYTEN KORKMAZER

63. HALİL DAĞHAN

64. HALİL KOLLAK

65. HANİFE ÇETİNKAYA

66. HAVVA HİKMET YILDIRIM

67. NURSADE TALU

68. MAHMUT GERÇEK

69. MEHMET GERÇEK

70. MİNE CEMİLE ERÖZ (İSKER)

71. ABDÜRREŞİT MÜNİR İSKER

72. NUSRET MÜGE ÖZBALKAN (İSKER)

73. HÜSEYİN CAHİT AŞÇILAR

74. NEBAHAT İSKER

75. ORHAN İSKER

76. AHMET HAMDİ İSKER

77. ADNAN İSKER

78. İSMET İSKER (AKIN)

79. CAHİDE MUTLU

80. PERİHAN MUTLU (İPEK)

81. KARAHAN MUTLU

82. HAKAN MUTLU

83. HÜSNİYE YAĞCIOĞLU

84. CİHAN BARIŞ KILINÇ

85. MEHMET KILINÇ

86. İLHAN SÖNEY

87. FATMA İPEK İLERİAK (KOSTAK)

88. KAMER BOZKURT

89. FATMA ÖZMEN

90. DENİZ YILMAZ

91. YILDIZ ÖZMEN

92. KIYMET YAKUTLAR (CURA)

93. DİLEK KALELİ

94. KADRİ SENIŞLAK

95. NAZMİYE ŞENIŞLAK

96. MEHMET ATIŞ

97. NUSRET DOĞAN ALBAYRAK

98. MEHMET NABİ TÜRKMEN

99. MEHMET ÖZDEMİR

100. MÜNEVVER ATAKLI

101. EROL SOLMAZSOY

102. ERDAN SOLMAZSOY

103. MEHMET BÜLENT SOLMAZSOY

104. AYSUN ERDİL (SOLMAZSOY)

105. ERCÜMENT SOLMAZSOY

106. MELAHAT TUNCEL

107. METİN ERDEM

108. MUSTAFA BAYAR

109. MUSTAFA GÜLÜM

110. MUSTAFA GÜMÜŞ

111. MUSTAFA METİN TANINMIŞ

112. MUSTAFA TINAZ

113. MUZAFFER TANINMIŞ

114. FERDA KÖKER

115. PAKİZE KÖKER

116. FATMA TÜRKMEN

117. YAŞAR KÖKER

118. SAMİH KÖKER

119. NADİDE KIZILGÜN

120. NAMIK KEMAL KÖKER

121. NEŞE ERGİN

122. NİHAT KABAY

123. NİMET KANDEMİR

124. NİYAZİ GÜL

125. NURİYE AŞÇILAR

126. NURTEN AKMAN

127. PERVİN OKŞAN KOLCU

128. YAVUZ KOLCU

129. AYDIN KOLCU

130. OSMAN BİLGİN

131. AHMET GÜVEN SARAÇ

132. AYŞE GÖNÜL KOÇ

133. HATİCE GÜNNUR SOYLU

134. AYTEN SARAÇ

135. ÖMER KUTVAL

136. REMZİ VARDAR

137. AYLA HALICI

138. LEVENT TEKBASKICI

139. AHMET TEKBASKICI

140. SAADET AKAR

141. BAİSE KAYHAN

142. ŞERİFE EVREN KAYHAN

143. ŞAFAK KAYHAN

144. ERDAL KAYHAN

145. SAFİYE KALKAN (İÇİNGİR)

146. SALİH ULUTURHAN

147. SEMİHA KABAY

148. SEVİM DÜZTAŞ

149. FATMA KOÇ

150. ERDAL KOÇ

151. İCLAL ÖZTÜRK

152. YÜKSEL KOÇ

153. FATMA GÜNGÖR EKİZ

154. FİLİZ EKİZ

155. SİBEL KESKİNOCAK (BAYRAM)

156. ŞENAY TURGUT (COŞANAY)

157. ŞERİFE GÜLDEREN NİS (YÜCEL)

158. MÜRÜVVET KESKİN

159. MUALLA GÜL (KESKİN)

160. AYLA KAÇAR (KESKİN)

161. ŞÜKRAN KESKİN

162. NEJAT ERGİN

163. MÜJDAT ERGİN

164. BETÜL KURTARAN (ERGİN)

165. TAYYİP KARAMAN

166. TEKİN SÖNEY

167. ÜNAL AKÇAKIR

168. BİRGÜL ÖZSOY

169. CEYHUN ÖZSOY

170. ÜNAL ÖZSOY

171. REFİKA YEŞİM ÖZKOZACI (KOSTAK)

172. YILDIZ RODOP

173. YUSUF YATMAN

174. YÜCEL ERTEKİN

175. ZAHİDE TANINMIŞ

176. ZATİ GÖKTAŞ

177. ZEHRA GİRGİN

178. ZEYNEL YILMAZ

179. ZİYA EGE

180. SEVİNÇ YASİN

181. CEMİL YASİN

182. SEVİL YASİN

183. MUZAFFER YASİN

184. AYSEL CURA (KURT)

185. KADRİYE KURT

186. MUSTAFA USLU

187. GÜLÜZAR HOŞ

188. GÜLMETİN HEPER

189. HASAN HEPER

190. FATMA İLTER

191. SEMRA ZEYTİNCİ

192. ERGÜN HEPER

193. ZÜMRÜT GÜNDÜZ

194. OSMAN GÜNDÜZ

195. ERDAL GÜNDÜZ

196. NEJAT SEÇEN

197. ALİ ÖZTÜRK

198. BİRSEN ÖZTÜRK

199. MUHSİN SİMSAR

200. ÖMER ŞÜKRÜ YILDIRIMER

201. FİKRİYE ÖZDEMİR

202. RIDVAN COŞANAY

203. MUALLA YÜKSEL

204. EKREM KONUKLAR

205. MEHMET YÜCEL

206. HAYDAR GÜRSOY

207. RECEP RECAİ ULA

208. FATMA ÜMRAN ÇIVGIN (CAN)

209. KADİR CAN

210. ŞEN SERTÇAKAR

211. MİNE SİMSAR

212. AHMET NUSRET ÇAMLIBEL

213. AHMET CİHANGİR

214. EMİN BERKMAN

215. DUYGU EMRE KAYA

216. HATİCE SOHODOL

217. SELVER ÖNER

218. AYSEL ATACAN

219. NESRİN GANİ

220. AYŞE CANKURT

221. SEFER CANKURT

222. AHMET GÜNER

223. ORHAN ÖLÇER

224. PAKİZE UYSAL

225. ŞERAFETTİN ABULEYLA

226. PAKİZE UYSAL

227. GÜRKAN ARDEN

228. MUSTAFA ÖNEL

229. HURİYE HATİPOĞLU

230. NURAN AKÇAY

231. NERİMAN DÜZTOP

232. MEHMET BULUT

233. NEVİN BİRSEN BULUT

234. ATALAY BULUT

235. NECMETTİN DEMİRBOĞAN

236. GÜLER DEMİRBOĞAN

237. AYŞE ORAL

238. MELAHAT KARATAŞ

239. ZELİHA GÜNDOĞDU

240. ÇAĞLAYAN GÜNDOĞDU

241. ŞİNASİ GÜNDOĞDU

242. TEKİN DİKMEN

243. MUSTAFA UZKUR

244. FATMA KARATAŞ

245. NEVİN ALBAY

246. AYŞE YEŞİM GÜNDOĞDU

247. SEVİM SOYCAN

248. ÜMÜSÜN SOYCAN

249. RAMAZAN FERDAĞ CİNKUL

250. SERDAĞ SOYCAN

251. TÜRKAN OK

252. NURTEN GÜNDOĞDU

253. ARZU GÜNDOĞDU

254. NURAN SAĞLAM

255. EROL SAĞLAM

256. TURGAY SAĞLAM

257. GÜLAY REKA

258. AYŞE AKORAL

259. MUHARREM AKORAL

260. CEM AKORAL

261. MUSTAFA AYDIN

262. ŞAHİN ÖZDEN

263. AYŞE GÜNDOĞAN

264. ONUR GÜNDOĞAN

265. MURAT GÜNDOĞAN

266. DUYGU ESKİŞEHİRLİOĞLU

267. AYŞE ESKİŞEHİRLİOĞLU

268. BANU AVCI

269. ETEM ESKİŞEHİRLİOĞLU

270. KEMAL ŞENTÜRK

271. AHMET AMAÇ

272. SEBAHAT YILDIRIMER

273. ÖMER ŞÜKRÜ YILDIRIMER

274. HALİDE TOPARLI

275. ŞENAY AYAN

276. ÖZER YILDIRIMER

277. ŞİNASİ GÜZELOĞLU

278. BİLAL KIRBAŞ

279. METİN ALİ BERKÖZ

280. TURHAN ÇULHAOĞLU

281. CİHAN YUMURTACI

282. NECATİ ERCAN

283. AYŞE BERNA BAYER

284. NADİR DURAK

285. MİTHAT TAN

286. HÜSNÜ YUMURTACI

287. MUSTAFA ATİLLA KAZDAĞLI

288. CEMİLE DALAN

289. HALİL EROL ÖZBALCI

290. HALİL AKYAVAŞ

291. MUSTAFA DAŞKIRAN

292. FATMA MÜGE SÜNNETÇİ

293. MUSTAFA SÜNNETÇİ

294. ARİF MELİH SÜNNETÇİ

295. KADRİ SÜNNETÇİ

296. FATMA KARADAĞ

297. SEMRA YURT

298. AYSEL YURT

299. SERDAR YURT

300. CEMİLE KARAAĞAÇ

301. YÜCEL AKPINAR

302. FARUK SÖZER

303. İMRAN SEZGİN

304. NADİRE URLU

305. NURAY SÖZER

306. SADIK SERDAR KAVURT

307. NURTEN KABAYEL

308. NURİ ERİN

309. DENİZ KABAYEL

310. NURHAYAT GÜZELKAN

311. UFUK KABAYEL

312. NADİRE KABAYEL

313. CİHAN YUMURTACI

314. HÜSNÜ YUMURTACI

315. NERVİN ÖZBENGİ

316. BELKIS İLGEN

317. ŞADİYE ŞENKAL

318. NURDAN ŞENKAL

319. SALİH SELİM ŞENKAL

320. AYLAR ŞENKAL

321. SEMİH ÖZCAN

322. EMİNE YAĞIZ

323. HÜSEYİN KORKMAZ

324. RECEP KORKMAZ

325. HATİYE KOLDAŞ

326. AYSEL KÜTÜK

327. NİHAL ÇOKOĞLU

328. NİLAY ÖZATALAY

329. ÖZLEM ŞAHİN

330. SEMA KAYGISIZ

331. YILMAZ TOK

332. MUSTAFA TARIK SÜEL